mardi 20 février 2007

Rencontre

Ma Mitsubishi Colt ne voulait pas démarrer. Rien d'étonnant. Le coup de froid n'était pas son coup de grâce, mais je devais m'armer de patience pour l'entendre à nouveau vombrir.
Pendant que je grattais la neige sur le pare-brise et tentais de lancer le moteur, je repensais à la veille, à l'élément déclencheur de cette fébrilité matinale.

Il était passé minuit, et comme d'habitude, le dernier bus venait de filer. La dernière séance de l'UGC De Brouckère que je venais de suivre terminait décidément trop tard pour la STIB. L'air se rafraîchissait mais ne présageait pas des chutes de neige quelques heures plus tard.

C'est en remontant à pied vers la cathédrale saints Michel et Gudule qu'elle est apparue.
Une jeune femme - la vingtaine?- m'accosta brutalement devant le perron.

- C'est vous, Lionel Raffin?
- On se connait? répondis-je tout aussi sec.
- Il était temps que je vous trouve. Vous devez partir de chez vous, pour neuf heures, dès aujourd'hui.
- Qu'est-ce que vous me racontez? Vous avez attrapé un coup de froid? Un coup de folie?
- Il en va de votre vie.
- Vous auriez pu me prévenir plus tôt, alors. Si vous connaissez mon nom, je suis dans l'annuaire.
- Ne soyez pas sarcastique. On ne me rencontre pas si facilement.

En quelques mots, elle m'agaçait déjà, avec son air bourré de certitudes, ses mystères et ses manies de femme fatale.
Pourtant, ses trois taches de rousseur délicatement posées sur son nez joliment retroussé, ses yeux bleu clair et son regard malicieux me transperçaient.

- Je n'ai pas le temps de tout vous expliquer; emportez tout ce que vous pouvez, quittez avant neuf heures le quartier place Meiser, prenez l'autoroute de Liège, et allez à cette adresse. C'est à trente kilomètres de Bruxelles.
Vous comprendrez là-bas.

A peine avais-je lu le billet qu'elle m'avait tendu, elle était déjà loin. En voulant la rattraper rue Treurenberg, il était trop tard, les petites rues entourant la cathédrale l'avaient déjà engloutie.
Le temps devenait glacial.
Qu'est-ce qui m'avait pris de l'écouter?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

les taches de rousseurs attirent le regard. Du vécu je te dis!

Anonyme a dit…

Mmmh, suspens ? Et, puis... Tout est dans le regard; ce regard malicieux !
Enfin, les taches de rousseurs, c'est tellement mimi et espiègle !Avoue que c'est ça qui t'a fait craquer.

Anonyme a dit…

Ah les 3 taches de rousseur, c'est comme les tempes grisonnantes, c'est toujours plus chic sur la tête des autres... Au fait, pour admirer ces beaux yeux clairs, il doit y avoir un fameux éclairage autour de Ste Gudule, et qui n'éclaire pas que les pierres ! Il faudra que je vienne m'en assurer.
Attends que j'achète un plan de BX pour lancer le prochain épisode car je suis déjà perdue, sauf si tu te retrouves "chez Vincent", là je connais... souvenir, souvenir.