dimanche 11 mars 2007

8. Interrogatoire


J'attendais depuis vingt minutes lorsqu'il sortit de son bureau.
Malgré ce que je pensais, l'inspecteur Degand était plutôt aimable cet après-midi.
Il m'accueillit dans le couloir avec beaucoup de civilité, m'offrit un café avant de m'asseoir.
Il commença par quelques questions anodines.

- Vous avez pu vous occuper avant de venir, privé de votre logement?
- En fait, j'ai trainé dans un café, je n'allais pas resté dehors, lui répondai-je.
- Oui, on ne l'attendait pas, cette neige, me rétorqua-t-il. Vous avez mangé au moins? Sinon, je vous fais apporter un sandwich.
- Non! mais ça va, je n'ai pas faim avec ces événements.
- Ça secoue, en effet, je peux comprendre.
Cette discussion me semblait irréelle, après l'entrevue du matin. Je commençai par me méfier, mais l'après-midi fut du même tonneau.

- Pour votre logement, je peux vous rassurer, il sera libéré ce soir et vous pourrez le réoccuper dès dix-huit heures. Nous terminons quelques devoirs d'enquête dans l'appartement voisin, c'est tout.- Tant mieux, ça m'arrange.
- Vous les connaissiez bien, vos voisins?
Ça y est, on rentrait déjà un peu plus dans le vif du sujet.

- Pour tout vous dire, on se voit très peu dans cette maison. Malgré le peu d'habitants, on a sans doute des horaires différents. Du peu que j'ai vu, ils sont deux au dessus de moi: polis, sans histoires, calmes.
- Et au rez de chaussée?
- C'est le plus ancien de la maison, mais le plus jeune en âge. Je sais que ...
- Bon attendez, on va reprendre tout cela dans l'ordre.
Pendant près de deux heures, sous des dehors affables, il me cuisina sur toutes les allées et venues de la maison. Les horaires, les amis, les situations maritales, tout y passait.
Je dois reconnaître qu'il avait du talent, car sans en donner l'impression, il parvint aussi à connaître mon emploi du temps, mes passions et mes fréquentations, et je ne le remarquai qu'à la fin de l'interrogatoire.
Il distillait l'un ou l'autre élément qu'il connaissait, souvent futile, comme pour mieux m'appâter car cela me donnait l'impression d'être dans la confidence. Je tombais dans ce panneau grossier et lui lâchais un morceau plus gros.
J'étais à ce point endormi par son ton empathique, que j'entendis à peine la question sur Anna Kovelinka. Il dut me la poser une deuxième fois pour me sortir de ma sorte de torpeur.
- Anna Kovelinka? Vous savez bien, je vous en avais touché un mot ce matin.
- Ah oui! Mais je vous ai dit que je ne la connaissais pas.
- Et si je vous montre sa photo?
Il retourna la photo qu'il avait préparée sur le bureau.
Contrairement à son nom, je découvris un visage qui ne m'était absolument pas inconnu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est la demoiselle aux yeux bkeu de Saints Michel et Gudule !!! et la suite alors ?